Pour les articles homonymes, voir Dan Gurney (homonymie).
Daniel Sexton Gurney est un ancien pilote automobile américain né le
13 avril 1931 à
Port Jefferson (État de New-York). Pilote complet, aussi à l'aise sur tracés routiers que sur ovale, Dan Gurney figure parmi les plus grands pilotes automobiles des années 1960. Dan Gurney a pris le départ de 86 GP de championnat du monde de
Formule 1, inscrit 133 points et remporté 4 victoires. Il a également décroché 3 pole-positions et signé 6 meilleurs tours en course. Gurney est le fondateur de l'officine de construction de monoplaces de course
Eagle et le fondateur de l'écurie AAR (
All American Racers ou
Anglo American Racers selon le côté de l'Atlantique où elle exerce).
Biographie
Californien d'adoption, Dan Gurney se lance dans le sport automobile dès son retour de la guerre de Corée. Il engage sa Triumph TR2 dans diverses épreuves courues sur circuits routiers, chose plutôt rare aux États-Unis où les jeunes pilotes se font généralement la main sur les pistes ovales recouvertes de cendrée. Spécialiste des courses de voiture de sport, il remporte les
12 heures de Sebring et termine 5
e des 1000 km du Nürburgring, ce qui incite le Commendatore à l'engager pour le GP de France 1959 sur une D246. Gurney monte sur le podium à deux reprises en quatre courses (et inscrit 13 points en championnat du monde) mais décide de quitter la Scuderia pour rejoindre l'équipe anglaise BRM.
En 1960, au volant de la BRM P48, il ne reçoit le drapeau à damiers qu'une seule fois (en 10e position) en 7 départs. Ses 6 abandons sont tous dûs à une défaillance mécanique de sa monoplace. Son seul résultat notable est décroché hors-championnat, au GP de Buenos Aires qu'il termine à la seconde place. Il se console en remportant, en endurance, les 1000 km du Nürburgring. Pour oublier cette saison frustrante, Gurney se tourne vers Porsche qui, attiré par la nouvelle réglementation technique, décide de se lancer en Formule 1.
En 1961, Gurney part chez Porsche et, au volant des 787 (peu performante) puis 718 au moteur flat 4 de 1500 cm3 (nouvelle règlementation), il inscrit la plupart des points de son équipe (21 points sur 23). Gurney manque la victoire au GP de France face à Giancarlo Baghetti et termine à nouveau 2e en Italie et aux USA. En 8 GP, il décroche suffisamment de points pour terminer troisième du championnat du monde.
La saison suivante, au volant de la Porsche 804 mûe par un flat 8, Gurney débute le championnat par deux abandons avant de décrocher sa première victoire en Formule 1 (et la première de Porsche en tant que constructeur) au GP de France, avec un tour d'avance sur le second. Il signe la pole et termine sur le podium au GP d'Allemagne puis termine 5e de son GP national. C'est alors que Porsche décide de se retirer du championnat, laissant Gurney libre de rejoindre la jeune écurie Brabham.
Malgré un matériel rarement à la hauteur de ce qui se fait de mieux à cette période, Gurney, au volant de la BT7-Climax multiplie les prouesses au volant. En 1963, il se classe 3e en Belgique puis second aux Pays-Bas et en Afrique du Sud. Il décroche encore quelques places d'honneurs et, avec 19 points, termine le championnat à la 5e place. Il ne remporte pas de victoires car il se heurte à Jim Clark, auteur de 7 victoires dans la saison, qui considérait Gurney comme son meilleur adversaire. Clark révèlera ainsi en privé que Gurney est le seul pilote qu'il craint véritablement en piste.
En 1964, toujours sur la Brabham BT7, il signe deux pole positions avant de remporter à nouveau le GP de France puis le dernier GP de la saison au Mexique. Sur les 30 points inscrits par Brabham-MRD, Gurney en a marqué 19 (et termine 6{'e}} du championnat pilote). La plus grande satisfaction de la saison reste toutefois le fait que, comme il l'avait fait chez Porsche, Gurney a offert à Brabham sa première victoire en championnat du monde. En 1965, malgré sa nouvelle BT11, Gurney voit encore le chemin de la victoire barré par Jim Clark. Il ne rentre dans les points qu'au quatrième GP (6e en Grande-Bretagne) puis réalise une fin de saison impressionnante en montant cinq fois consécutivement sur le podium. Avec 25 points, Gurney termine 4e du championnat du monde. Puis, fin 1965, alors que Brabham se rapproche lentement mais surement des sommets, Gurney décide pourtant d'abandonner l'écurie anglo-australienne pour fonder sa propre structure, suivant ainsi la voie tracée avant lui par Jack Brabham et Bruce McLaren. Cette nouvelle écurie, dénommée AAR (pour All American Racers ou Anglo American Racers selon le côté de l'Atlantique où elle exerce), fera courir une monoplace baptisée Eagle.
En 1966, Dan Gurney engage donc la Eagle T1F-Climax en championnat du monde. C'est une bonne voiture, performante, mais souffrant d'un manque de fiabilité (4 points inscrits en championnat). Tandis qu'en Formule 1 il ne parvient pas à terminer mieux que 5e (au GP de France puis au GP du Mexique, ses GP de prédilection), il décroche une victoire lors de sa deuxième participation en Can-Am.
En 1967, au volant de la belle Eagle T1G bleu-marine, motorisée par un V12 Weslake (parfois remplacé par le Climax), Gurney décroche la première victoire de l'Eagle lors de la Race of Champions , épreuve hors-championnat disputée à Brands Hatch. En championnat du monde, il réalise des prouesses en qualifications avant de remporter le GP de Belgique 1967, quelques jours seulement après voir remporté les 24 Heures du Mans au côté de son compatriote A. J. Foyt. Gurney termine plus tard sur le podium du GP du Canada et, avec 13 points, finit à la 8e place du championnat.
En 1968, AAR, en proie à d'insolubles problèmes budgétaires se désengage peu à peu de la Formule 1. Dan Gurney dispute les deux premiers GP de l'année avec la T1G (deux abandons), puis court le GP des Pays-Bas sur une Brabham-Repco BT24 (abandon là encore). L'Eagle est engagée lors des quatre GP suivants, toujours sans aucune réussite. Déçu par les mauvais résultats de l'Eagle vieillissante, Gurney laisse sa T1G aux mains de son coéquipier "Al" Pease et achète pour le compte d'AAR une Mc Laren M7A-client. Cette monoplace est engagée à trois reprises et permet enfin à Gurney de décrocher ses seuls points de la saison lors de son GP national (4e). Gurney fait alors le choix d'abandonner la Formule 1 et de recentrer les activités d'AAR aux Etats-Unis. Ce faisant, l'écurie ne disperse plus ses moyens financiers et retrouve sa compétitivité : Gurney termine second des 500 miles d'Indianapolis et remporte 3 victoires en championnat USAC tandis que son pilote Bobby Unser remporte 4 courses avec l'Eagle-USAC ce qui lui permet de remporter le championnat.
En 1969, Gurney court en Can-Am dans l'écurie de Bruce McLaren (3e à Michigan). Il dispute également les 500 miles d'Indianapolis où il est à nouveau second puis il remporte 2 courses en championnat USAC où la lutte est plus rude mais permet aux Eagle de remporter 4 courses. En championnat Can-Am, l'écurie McLaren exerce une forte domination (Bruce Mc Laren le remporte en 1967 et en 1969) mais, en essayant un de ses prototypes, McLaren se tue le 2 juin 1970. La mort de McLaren conduit alors Dan à un éphémère retour en F1 au volant de la M14A pour les trois derniers GP de la saison 1970. Lors du GP de France qui lui a souvent réussi, Gurney inscrit son dernier point en Formule 1.
Dans les années 1970, alors qu'il met un terme à sa carrière de pilote après avoir remporté sa dernière victoire à Sears Point, Gurney, à la tête d'AAR, continue de décrocher de bons résultats en championnat USAC : Bobby Unser remporte deux courses en 1971 puis trois épreuves en 1972. En 1973, les Eagle-Offenhauser remportent 8 épreuves dont les 500 miles d'Indianapolis (victoire de Gordon Johncock). En 1974, les Eagle remportent encore 8 épreuves, ce qui permet à Unser (4 victoires) de décrocher à nouveau le titre. En 1975 et en 1976, AAR décroche trois succès par saison (dont les 500 miles d'Indianapolis 1975 par Bobby Unser). Puis c'est le début du déclin de l'écurie, les Eagle ne remportent plus aucune course en USAC jusqu'à l'issue du championnat 1979.
Fin 1978, Gurney est l'un des meneurs de la fronde qui aboutit à la mort de l'USAC et à la création du championnat CART. Mais face aux Penske, les Eagle font pâle figure et l'écurie de Dan Gurney ne remporte qu'une seule victoire, en 1981 à Milwaukee. Fin 1986, faute de résultats, Gurney retire son équipe du CART et se consacre alors au championnat d'Endurance (IMSA), où il décroche d'excellents résultats en partenariat avec Toyota. C'est d'ailleurs avec l'aide de Toyota qu'AAR et l'Eagle effectuent leur retour en CART à la fin des années 1990, retour qui se solde par un cuisant échec et aboutit à la disparition d'AAR. Dan Gurney vit aujourd'hui en Californie et participe occasionnellement à des démonstrations et des courses de véhicules de collection.
Résultats en championnat du monde de Formule 1
Anecdotes
- Dan Gurney a permis à trois écuries différentes de remporter leur première victoire en tant que constructeur en championnat du monde de Formule 1 : Porsche en 1962, Brabham en 1964 et AAR-Eagle en 1967.
- En 1967, Dan Gurney, pour la première fois, secoue la bouteille de champagne traditionnellement offerte aux vainqueurs des 24 Heures du Mans. Depuis, la douche de champagne s'est généralisée sur presque tous les podiums de sport mécanique (en dehors de la bouteille de lait des 500 miles d'Indianapolis).